Peut-on rester ami avec un pervers narcissique ?

Peut-on rester ami avec un pervers narcissique ? Que vous ayez rompu avec un pervers narcissique ou qu’il ait rompu avec vous, il ne vous laissera pas partir aussi facilement. Il va revenir, encore et encore et tout faire pour vous retenir dans sa « collection » d’ex. Ou son harem, comme vous préférez, composé de ses ex, de ses actuelles et de ses potentielles futures.
Le harcèlement est tel que l’on peut être tentée de céder par usure. De prendre sur soi et de le garder « en ami », pour qu’il nous foute la paix. En se disant que quelques contacts superficiels ne peuvent pas nous faire de mal…
Alors, à quoi peut-on s’attendre en restant ami avec un pervers narcissique ?
Pourquoi veut-il rester en contact avec nous ?
Tout d’abord, essayons de comprendre, pourquoi met-il un tel acharnement à maintenir le contact avec vous ? C’est sans doute parce qu’il tient à vous ? Que vous lui manquez ? Alors si c’est ce que vous pensez, malheureusement, je dois vous détromper parce qu’un pervers narcissique est structurellement incapable d’éprouver de tels sentiments.
Il va maintenir à toute force les liens avec vous, même lorsqu’il a quelqu’un d’autre. Et ce pour 2 principales raisons :
- D’abord parce que, pour une raison ou une autre, vous pouvez lui être utile (pour votre argent, les services que vous pourrez lui rendre, votre position sociale ou professionnelle, parce que vous l’aimez encore et que ça flatte son égo, etc.),
- Et ensuite, pour « finir le travail » en continuant à vous faire souffrir et à prolonger les abus psychologiques, sexuels et/ou financiers. Vous serez une des nombreuses sources d’approvisionnement destinées à nourrir son narcissisme défaillant.
Une relation « amicale » ? Vraiment ?
Il faut bien l’admettre, dans notre société, on valorise le fait de pardonner. D’être capable de passer à autre chose. De rester ami avec ses ex. Donc sur le papier, qui pourrait lui reprocher de vouloir garder un lien ? C’est un signe d’attachement, de sensibilité. C’est montrer que l’on ne renie pas ce que l’on a été ni ce que l’on a partagé.
Mais attention, de son côté, il n’a aucune intention de maintenir une relation purement « amicale ». L’ambiguïté va être à son comble ! Ce qu’il veut, c’est vous faire miroiter une relation amoureuse. Et ce qui est terrible, c’est qu’à cette étape, les victimes qui sont en « manque » vont facilement céder ! Car les relations avec un PN créent une addiction très puissante. On considère que le sevrage est aussi difficile que s’il s’agissait d’arrêter des drogues dures. La faute à l’alternance imprévisible de sécrétion d’hormones de stress et d’hormones de plaisir pendant la relation, qui va modifier durablement la chimie du cerveau et transformer la victime en véritable junkie…
Donc, même si ce sont les victimes qui ont rompu, parce qu’elles souffraient atrocement de la relation, le lien qu’elles vont continuer à maintenir avec le PN va les inciter à y retourner. En général, la rupture avec un PN n’est pas une action factuelle mais un process. Il faut souvent de nombreuses déconvenues et plusieurs allers et retours pour que la victime quitte définitivement son agresseur.
Parce qu’effectivement, étrangement, même lorsque c’est la proie qui le quitte à l’origine, le PN finit toujours par un tour de passe-passe à inverser la donne et la mettre en demande.
Le pervers narcissique revient toujours… même s’il a une nouvelle proie !
Mais là où ça se corse un peu, c’est qu’en général, le pervers narcissique est très vite passé à autre chose. Et il s’exhibe quasi sans-transition avec une nouvelle conquête. Alors, est-ce que cela signifie la fin de ses assauts ? Et bien non, pas du tout !
Et c’est encore un coup dur pour la victime, car alors qu’il la qualifiait la veille encore de « femme de sa vie », il lui fait comprendre qu’elle n’aura plus droit qu’à une relation « cachée », un simple plan cul. C’est ce qui explique pourquoi les victimes sont brisées par cette phase de « rejet », qui ponctue le cycle de la relation avec le pervers narcissique (1. love bombing/ 2. mise sous emprise/3. dévaluation/ 4. rejet).
Car non seulement elle remet en cause la profondeur et la réciprocité de l’histoire (comment un homme amoureux pourrait-il passer à autre chose aussi facilement, sans même connaître de phase de deuil ?) mais en plus, elle invalide la personne rejetée (il nie sa valeur en « rétrogadant » la relation).
C’est-à-dire qu’en plus de tous les abus psychologiques déjà subis, qui ont détruit sa confiance en elle, la victime, en position de fragilité mentale, va subir une nouvelle blessure narcissique (une injure narcissique ?). Si elle a déjà ouvert les yeux sur la pathologie de son ex, alors elle aura une chance de minimiser l’impact de cette blessure. Mais si ce n’est pas le cas, elle prendra l’entière responsabilité de ce désintérêt soudain et se rapprochera de la destruction narcissique.
L’art d’enfoncer le couteau dans la plaie
Comme d’habitude, à cette étape, le pervers narcissique va promettre la lune et ne donner que des miettes. C’est l’une de ses ficelles préférées. Vous faire croire qu’il est généreux, qu’il va vous rendre des services et sous-entendre que la relation pourra reprendre (tout du moins, c’est ce que vous vous croirez. Comme il n’a rien dit clairement, il pourra toujours nier).
Et c’est ce qui va empêcher la victime de passer à autre chose, en maintenant l’espoir. Mais comme rien ne se passe et que les espoirs sont toujours déçus, elle va accumuler les micro-blessures narcissiques. La plaie laissée par le pervers narcissique au moment de la rupture sera sans cesse ré-ouverte, sans répit.
Car ce qu’il cherche, c’est à empêcher votre guérison émotionnelle. C’est pourquoi la seule solution est un no contact absolu et définitif, car sinon le pervers narcissique fera en sorte de continuellement raviver, sous couvert d’amitié, la plaie (notamment en vous imposant la présence de sa nouvelle proie). Pour vous soigner, vous avez besoin d’un temps de récupération, sans nouvelle « attaque narcissique ». Et ça, votre bourreau ne vous en laissera pas le loisir si vous continuez à le côtoyer.
Comme il a joui de votre souffrance pendant la relation, il continuera à enfoncer le clou, même à distance.
Et après avoir fait mon deuil de la relation, peut-on être ami avec un pervers narcissique ?
Un peu plus tard, lorsque vous aurez avancé sur le chemin de la guérison, rester en contact avec le PN ne sera pas plus bénéfique. Ce sera même carrément malsain. En effet, si vous vous détachez, vous pouvez être assurée qu’il reprendra la séduction de plus belle. Même s’il a quelqu’un d’autre. C’est-à-dire que vous allez devenir complice de sa trahison. S’il a bien réussi sa technique de triangulation (et pour ça, on peut leur faire confiance), vous n’aurez pas de contact. Et vous ne voudrez pas avoir de contact avec sa nouvelle proie (pour vous, elle sera celle par qui la blessure narcissique est arrivée, pour elle, vous serez la folle qui, selon les dire du pervers narcissique, le harcèle).
C’est-à-dire que vous ne la préviendrez pas qu’il essaie de coucher avec vous. Ni qu’il fait des avances à la terre entière. Ni même qu’il est mentalement dangereux. Ce sera même, sans vouloir l’admettre, un moyen de vous « venger » de l’affront subit. Mais ne pas l’informer, c’est être sa complice. Et ce n’est pas forcément joli-joli même si, bien sûr, ce n’est pas votre problème ! Mais c’est rentrer dans son univers, c’est devenir un peu comme lui. Et ça, c’est ce que vous comprendrez quand vous verrez la satisfaction sur son visage. Il sera fier de vous avoir transformé à son image. Et là j’ai juste un mot à dire : beurk !
Pour guérir, le PN doit sortir définitivement de votre vie
Et n’écoutez pas la pression sociale, qui vous dira qu’une personne raisonnable, qui est passée à autre chose, doit être capable de revoir sans émotion un ou une ex. Ça, ça vaut dans une relation normale, pas dans une relation avec un sociopathe. Vous n’avez pas été amoureuse, vous avez été sous emprise. Et vous avez été brisée psychologiquement puis votre cerveau a été reprogrammé pour vous faire accepter l’inacceptable, à savoir l’abus psychologique et sexuel. Vous avez développé avec votre bourreau un lien traumatique (ou « syndrome de Stockholm ») qui vous a marqué au fer rouge. Egalement, vous souffrez ou vous avez souffert d’un stress post-traumatique, comme les victimes d’attentats ou de guerre. Vous êtes un être humain, vous n’avez pas à être capable de « gérer » quand il s’agit de revoir une personne qui vous a torturée psychologiquement.
Etre « amie » avec lui est impossible. Ca ne servira qu’à empêcher votre guérison, car il continuera à tout faire pour vous faire souffrir. C’est son plan. Pour lui, vous lui appartenez et il a pouvoir de vie et de mort sur vous, selon son bon vouloir, pour toujours. Selon ses besoins en approvisionnements narcissiques.
Alors brisez cette chaîne, refusez de lui servir de nourriture. Appliquez le non contact absolu et définitif car vous ne gagnerez jamais contre un PN. Vous n’êtes pas assez perverse pour ça ! Il continuera à vous utiliser, abuser de vous et mettre en action toute son ignominie pour vous faire du mal et vous détruire. Lorsque vous serez passée à autre chose, que vous aurez rencontré quelqu’un d’autre, il mettra en œuvre les pièges et les stratégies les plus vils pour saccager cette relation. Donc, on ne le dira jamais assez : fuyez, sans vous retourner !